Les Toulousains et Toulousaines ont sûrement vu passer l’actualité de l’ouverture d’une boutique éphémère Shein à Toulouse. Habitant à 2 pas de ce pop-up store, quelle ne fut ma surprise mercredi lorsqu’en bas de chez moi j’ai assisté à un exemple typique de frénésie d’achat. Bien entendu, je suis consciente que les marques de Fast Fashion suscitent encore un grand engouement de la part des consommateurs, mais tant de fréquentation dans cette rue du centre-ville a suscité l’intérêt de nombreux médias et pas que toulousains. Bref…
Suite au partage sur Instagram d’une story et d’un Reel (pris sur le vif), des échanges sont remontés en messages privés ou lors de discussions entre amis, ainsi que maintes prises de positions.
Avec ce billet de blog improvisé, je partage alors de tels questionnements relevés par l’actualité de ce pop-up store. Mes écrits n’engageant que moi 🙂
La boutique éphémère Shein à Toulouse : alerte fièvre acheteuse au centre-ville !
Pour rappel, je me positionne en tant que partisane de la Slow Fashion et donc à contre-courant des modèles d’Ultra Fast Fashion et même de Real-time fashion* prônés par Shein et d’autres marques similaires. Investie en faveur d’une mode meilleure, j’aspire à partager des messages dans le but de faire comprendre pourquoi moins et mieux acheter nos vêtements est possible, accessible et source de plaisir.
Depuis mercredi, la foule qui s’amasse autour de la boutique éphémère Shein à Toulouse suscite en moi diverses émotions. Je ressens de la tristesse voire même un peu de colère du fait de mon positionnement en tant que défenseuse d’une mode plus durable. En effet, il n’est plus à prouver que ces modèles de mode vraiment pas chère cachent des coulisses de fabrication peu en accord avec les enjeux de notre époque. Je me réfère ici à la cause environnementale et à la cause humaine.
L’Ultra Fast Fashion ou la Real-time fashion et les défis socio-environnementaux dans la mode
L’urgence de la cause environnementale est connue de tous, mais moins de consommateurs semblent conscients des conditions de travail dans l’industrie de la mode jetable. Comme l’explique l’article de Novethic partagé ci-dessous, imaginez des personnes travaillant 75 heures par semaine avec 1 seul jour de congés par mois. Elles sont aussi généralement payées si peu qu’elles peinent même pour certaines à vivre décemment.
- Travailler tant pour survivre et pouvoir à peine profiter de sa famille et encore moins de loisirs ne vous touche pas?
- Ces faits qui s’additionnent à la protection de la planète ne vous donnent pas envie de changer votre vision de la consommation mode?
Voir l’article du site Novethic.fr : https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/ultra-fast-fashion-l-empire-shein-surpasse-desormais-zara-et-h-m-reunis-150713.html
Enfin, si vous pensez que ce modèle d’ultra fast fashion peut-être viable et respectueux de la Planète et des Hommes, pouvez-vous m’indiquer vos arguments, vos sources ? Ne s’agirait-il pas de Greenwashing ou d’un manque d’informations par rapport aux coulisses de certaines marques ? N’aimeriez-vous pas être mieux informés et acheter plus en conscience, plus en accord avec des valeurs humaines et écologiques ?
Clairement, pour moi c’est évident que de telles injustices et dégâts socio-environnementaux me touchent véritablement. Nous sommes tous citoyens du monde, en tout cas je me ressens ainsi, empathique avec mes pairs et reconnaissante pour la Planète qui nous accueille et que l’on se doit de protéger.
Shein c’est la mode accessible à tous « je n’ai pas les moyens d’acheter à des prix plus justes »
De nombreuses personnes revendiquent leur désir de se faire plaisir malgré leurs faibles moyens financiers et défendent alors la fast fashion. Ok c’est un fait, ce modèle a rendu l’habillement bien plus accessible. Mais, finalement, trop accessible. Rendre la mode plus accessible et la démocratiser appartient au prêt-à-porter des années 60 comme j’en fais mention dans mon portrait. Effectivement, telle était sa mission avant les dérives de la Fast Fashion des années 80. Alors quand en 2022 on parle d’ultra fast fashion et de Real-time fashion, je me demande vraiment où va le monde ^^
Un consommateur en perte de repères
La guerre des prix bas fait rage depuis des dizaines d’années dans la mode, si bien que les consommateurs ont complètement perdus leurs repères. Je suis désolé, mais Non, un T-shirt ne peut pas être vendu au prix juste de 4€, un jean à 10€ ou une robe à 7€ quand on considère raisonnablement l’origine des produits et toutes les étapes de fabrication jusqu’à la commercialisation (stylisme, patronage, tissu, teinture, confection, couture, impression, transport, équipe de vente in-store ou gestion des sites e-commerce et SAV, logistique des retours, etc.).
Dans le cas de Shein, qui fait en plus de la Communication ajoutez alors au coût des produits ces actions de Promotion. Puis, en prime, Shein aurait réduit les temps de production des articles à 3 jours. À titre de comparaison, les rythmes sont estimés à 3 semaines dans la Fast Fashion, ce qui était déjà bien trop court. D’où le terme de Real-time fashion. En imaginant le Real-time fashion, on image des prix encore plus tirés vers le bas, des rythmes effrénés de travail. En soit, la recette d’une catastrophe environnementale et humaine. Oui, on ne peut ignorer nos pairs, même si tout se déroule en Asie et donc bien loin de chez nous…
Mode pas chère : autres options économiques
J’entends certains arguments qui défendent ces modèles de mode pas chère, en se référant à leurs petits budgets. Oui, à l’heure actuelle nos finances ne sont pas faciles à gérer. Pire encore, lorsque les postes énergies et alimentaires augmentent. L’habillement passe après bien entendu.
Toutefois, s’en réduire en conséquence à consommer de la Fast Fashion m’attriste. De nos jours, d’autres options existent pour bien s’habiller sans se ruiner. Je cite :
- la seconde main, Vinted et les friperies par exemple,
- le fait de tout simplement moins acheter en quantité, ce qui n’est pas du tout frustrant (stop aux fausses croyances, aux diktats et aux messages Marketing qui poussent à acheter de plus en plus souvent). De plus, je pense que de nombreuses personnes sont déjà frustrées en voyant leur garde-robe bondée et x vêtements qu’ils ne portent pas ou pas assez souvent,
- le fait de penser joli investissement long terme plutôt que mode jetable. Et si on retrouvait la joie et l’envie d’acheter des habits qu’on aime vraiment, utiles, confortables, dont la qualité nous met réellement en valeur et qu’on va conserver plusieurs années voire dizaines d’années selon les produits ? Oui, ça existe encore !
Vous l’aurez compris, selon moi, acheter par cher ne peut se résumer à acheter chez des marques similaires à Shein. L’argument du petit budget me semble aussi souvent erroné. Je fais ici référence à la notion de besoin, de nécessité d’acheter tel ou tel vêtement.
Alors, je me demande :
- quel est le pourcentage d’acheteurs dans cette boutique éphémère qui a réellement acheté un article par besoin et non par plaisir superficiel ?
- Pire encore, par simple tentation du fait que c’est « pas cher » parce qu’on croît à tord qu’acheter plus rend plus heureux ?
- Et même, comme il s’agit aussi d’une action Marketing de la marque « vouloir dire qu’on a pu aller au pop-up store de Shein, alors c’est trop cool ! ^^ »
À tous ceux et celles qui ont acheté chez Shein suite à un véritable besoin et qui porteront les articles assez souvent pour compenser certains impacts négatifs pour l’environnement, je vous dis que c’est déjà mieux que juste par compulsion.
Pour ceux qui achètent en masse, de manière plus compulsive, je vous demande, en toute honnêteté :
- Est-ce que vous vous sentez plus heureux ?
- Est-ce que cette sensation de bonheur est juste éphémère ?
- Êtes-vous sûrs de les porter plusieurs fois ?
- Pensez-vous que c’est faire une bonne affaire que d’acheter une pièce pas chère mais la porter une seule fois ou pire l’oublier dans son placard et se dire donc que vous avez juste vécu une expérience d’achat ?
Bon ok, je vais loin, un peu trop peut-être ; mais je m’interroge réellement sur les motivations d’achats des consommateurs qui déjà cumulent déjà les sacs Primark bien remplis lors de leurs sorties en ville….
Personnellement, au vu des défis contemporains de l’industrie de la mode, j’avoue que je suis interloquée face à ces comportements de fièvre acheteuse.
À la rigueur, je peux comprendre les étudiants qui n’ont que peu de vêtements, qui galèrent et qui veulent tout de même s’habiller « tendance » et avec plaisir. Idem, pour les familles aux budgets les plus fragiles.
Cependant, je peux comprendre cela, à la seule condition que ces personnes restent raisonnables dans leurs achats toutes marques confondues.
Si c’est pour s’acheter 3 robes à l’usage semblable, soyons honnête on s’éloigne de l’achat raisonné. Puis même du côté plaisir, je trouve ça aussi « too much », à moins que vous n’ayiez vraiment plus de robes… (Exemple des robes valable pour les tops, les jupes, les jeans et autres bas, les maillots de bain, etc. !).
J’ai également entendu dire que Shein était bien positionnée par rapport aux besoins des femmes qui s’habillent en grandes tailles. Il existe aussi d’autres options et j’espère traiter cette question du « Comment s’habiller en grande taille ? » dans un futur article.
J’ai déjà été trop bavarde avec ce billet improvisé, n’est-ce pas ? ^
L’utopiste que je suis espère que les consommateurs ouvriront leur cœur et considèreront mieux la valeur de l’environnement, de la Planète, mais aussi de leurs pairs aux 4 coins du monde. Que nos achats bien qu’imparfaits, soient de plus en plus raisonnés. Et que ces scènes de frénésie d’achat soient obsolètes dans les années à venir.
Oui à un futur meilleur de la mode, même si ce ne sera pas demain…
À très vite,
Sonia
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C’est toujours un grand plaisir de vous lire et de s’enrichir des expériences de chacune.
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